Le cri du cinéphile le soir au dessus du Web...

dimanche, décembre 03, 2006

Three Times : le "best of" de HHH







Désolé pour ce titre un peu trivial mais il est à la mesure de ma semi-déception face à ce film pourtant magnifique. Hou-Hsiao-Hsien, je l'ai déjà dit ici, est, pour moi et pour beaucoup d'autres cinéphiles, l'un des plus grands cinéastes en activité, si ce n'est pas LE plus grand. Alors, quand les premières images de ce Three Times précédé d'une réputation on ne peut plus flatteuse depuis Cannes 2005 sont apparues devant mes yeux, une impression bizarre s'est emparée de moi. Comme un déjà vu. Pourtant, en principe, rien d'exceptionnel à ce que l'oeuvre d'un artiste et qui plus est d'un réalisateur, soit traversée d'échos, de rimes, de variations sur un même thème etc. . Oui, mais là, la structure même du film, qu'on a tant loué ici et là, accentue cette impression de compilation, de medley, de best of, appelons-ça comme on veut, le vocabulaire musical, voire carrément "variétoche" ne détonnera pas, puisque dès le premier sketch de ce film en 3 épisodes, le juke-box mémoriel se met en marche et le sirop des Platters et des Aphrodite's Child vient bizarrement donner au film une coloration plutôt Wong Kar Wai (comme je l'avais déjà dit, on ne peut trouver cinéastes plus éloignés l'un de l'autre, ne serait-ce que formellement, et pourtant, pour rendre HHH plus "populaire", ses producteurs n'essayeraient-ils pas une espèce de "WKW-isation" du maître de Taiwan ?)
Le spectateur familier du cinéma de Hou-Hsiao-Hsien aura un peu le sentiment de voir défiler un petit morceau de Poussière dans le vent pour la peinture délicate d'un amour naissant dans les années 60, un concentré des Fleurs de Shangaï pour sa visite au coeur du microcosme des courtisanes du début du 20eme siècle, et d'un soupçon de Millenium Mambo pour sa vision désenchantée de la modernité déshumanisante de notre société "techno"... Donc, pour l'admirateur de l'artiste, rien de vraiment neuf.
Attention, bien sûr, tout cela reste prodigieusement filmé et quelques scènes magnifiques viennent nous rappeler que HHH demeure le génie qu'il a toujours été et qu'il est encore, qui plane bien au dessus de toute la "concurrence" actuelle (à mon avis, dans les cinéastes encore en activité, seuls Oliveira, Malick, Tarr, Sokourov et Angelopoulos peuvent venir le "taquiner" - j'aurais dit aussi Kiarostami si ce gros paresseux d'Abbas ne s'était pas définitivement converti au foutage de gueule numérique). Mais que voulez-vous, j'ai été un peu déçu... Ah, j'allais oublier, Shu-Qi est magnifique. Mais ça, aussi, on le savait déjà.