Le cri du cinéphile le soir au dessus du Web...

dimanche, juin 29, 2008

Diary Of The Dead: Romero is back !



Voir le dernier film de George ROMERO, c'est d'abord se dire qu'on a bien fait de surmonter la petite hésitation préliminaire causée par l'impression de semi-échec que certains avaient gardé du n°4 de sa saga horrifico-politique des zombies (Land Of The Dead, un peu "lourd"). C'est être aussi soulagé de constater que George Romero peut aussi aller plus loin et en même temps être plus subtil que ses imitateurs, sans doute respectueux (on dira plutôt, ses "disciples", donc) et plutôt doués, mais tellement pachydermiques dans leurs visées de dénonciation de la société via le gore movie (le dyptique des 28 days/Weeks later, par exemple, efficace mais pas léger léger). Non, ici, on retrouve le style des 3 premiers épisodes, cet humour noir très distancié, ce côté western désespéré (très, on a la conclusion la plus noire de toute la saga), une certaine ambiguité réjouissante qui évite le piège du manichéisme et prend souvent le spectateur par surprise, car la tendance anarchiste du cinéaste ne s'exerce pas toujours là où on l'attend. Mais on trouve aussi des scènes de pure trouille, un peu une nouveauté pour Romero puisqu'il ne jouait pas trop sur ce terrain d'habitude, ainsi que des clins d'oeil à son propre cinéma et à toute la culture fantastique-horreur, à la mythologie, aux contes et légendes... A savourer, également, des scènes choc, des moments de pur talent visuel (sublime dernier plan) distillés par un vieux maître en état de grâce qui n'a plus rien à prouver à personne et qui sait doser ses effets sans esbrouffe, sans emphase... On pourrait épiloguer à l'infini sur la portée politique de l'oeuvre, L'aberration, les Incrottuptibles, L'immonde ou l'écailler du cinéma ne s'en priveront pas, donc, inutile ici d'en rajouter (gna-gna-gna Irak, gna-gna-gna Bush, gna-gna-gna 9/11, gna-gna-gna Katrina etc...) mais sur le plan du questionnement de l'image, des nouveaux média, de la génération "youtube" etc., on ne peut bien sûr pas s'empêcher de comparer - la forme de l'oeuvre, "mockumentary" oblige - avec Redacted, le petit tract médiocre de cet irresponsable de DePalma, et constater que c'est Romero qui gagne, haut la main, par la lucidite de sa réflexion et son scepticisme qui force le respect face à la multiplicité des points de vue et donc des soi-disantes "vérités" sur Internet, certainement pas plus préservées de mise en scène, de mensonges et d'intox que les discours "officiels" (l'inverse de la fascination béate du réalisateur de Carrie pour l'information soi-disant "libre" des "youtubers"...)... Il y aurait encore tant de choses à dire et de belles choses à louer dans ce "petit" film si riche, si "plein" en à peine 95 mn (la bibliothèque qui cache la "panic room", les références à l'histoire des USA, le personnage du vieux professeur, la direction d'acteurs, meilleure qu'à l'accoutumée et sans les stars cabotinantes du n°4, le beau plan à la Terrence Fisher (ou Mario Bava?) sur le visage de Debbie avant le terrible moment du "shoot me" -double sens sur "shoot", bien sûr! etc.etc.) Ah, et le côté "numérique"? Il s'impose, évidemment, par le choix de présenter un pseudo-documentaire, mais Romero transcende l'utilisation de cette technologie par un travail poussé sur les couleurs, la lumière et les cadrages, avec tellement plus d'ingéniosité, d'invention que dans Blair Witch Project ou Cloverfield (deux bons films, par ailleurs, mais pas mis en scène par un Romero, cela va sans dire !)

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

De quoi donner envie de le voir. Pourtant, je me suis laissé submerger par l'hésitation moi aussi. Bel article.

27 juillet, 2008 14:52

 

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