Le cri du cinéphile le soir au dessus du Web...

lundi, juin 09, 2008

Two-Lane-Blacktop de Monte Hellman (1971)


"Bresson on wheels" dit en substance Richard Linklater lorsqu'il évoque ce classique du cinéma US des seventies (le fameux "Nouvel Hollywood" des Malick, Schatzberg, Hooper, Scorsese etc.) Vu le jeu un peu "minéral" des jeunes interprètes principaux (James Taylor et Dennis Wilson), on comprend un peu pourquoi. Trève de plaisanterie, c'est vraiment un film phénoménal, même si l'on n'est guère féru de mécanique (et les dialogues, à 80% constitués de données techniques et d'exposition des mérites respectifs de telle ou telle caisse n'en sont que plus abstraits, plus poétiques...). Un film essentiel, séminal, qui va même influencer des cinéastes français (pensez un peu aux Valseuses de Blier... Hein? Eh oui, vous voyez bien. Et JF Stévenin, Bruno Dumont etc.) Un de ces films qui vous font dire "mais qu'est-ce qu'ils avaient en tête à Hollywood à cette époque là pour leur laisser faire des ovnis pareils?" Refus du spectaculaire. Refus du lyrisme. Découpage abrupt. Dialogues elliptiques. C'est, bien sûr, extrêmement "Kerouacien" et Gus Van Sant -pour ne citer que lui (v. plus haut) va allègrement piller tout ça. Pour re-citer Linklater, oui, c'est le "road movie" parfait, le plus "pur"... Et les 10 dernières minutes sont hallucinantes. Elles me font penser, dans le genre fin de film inouïe, aux dernières minutes de Profession Reporter. Pas moins.