Le cri du cinéphile le soir au dessus du Web...

vendredi, juin 17, 2005

HOU HSIAO-HSIEN : LE "BOSS"



HHH

Je pense, mais je ne suis pas le seul, que Hou Hsiao-Hsien est probablement l'un des cinéastes les plus importants de notre époque. Si ce n'est tout simplement le plus grand.
Cependant, même si la critique internationale lui est acquise depuis une dizaine d'années, ce réalisateur taïwanais reste encore relativement peu connu d'un grand public qui a pourtant su se familiariser avec l'univers pas forcément plus accessible mais peut-être plus immédiatement séduisant de son "rival" hong-kongais Wong Kar-Wai. (un autre cinéaste taïwanais, que j'admire énormément et sur qui je reviendrai, Tsai Ming-Liang, a encore plus de mal à accrocher un large public...)
Son dernier film, Three Times, présenté au festival de Cannes 2005 en compétition, a, dit-on, envouté un public pourtant pas facile. Mais le jury ne lui a rien donné... Et Cafe Lumière, son précédent opus en hommage au maître japonais Yasujiro Ozu, est plutôt passé inaperçu, aussi bien pour le public que pour la critique.
L'enthousiasme (relatif) suscité par la sortie de Millenium Mambo, en 2001, bien que probablement partiellement basé sur un malentendu (Tentative médiatico-publicitaire de faire du film un objet résolument "moderne" et branché-tendance-techno à l'esthétique "chic", de le "wongkarwaiser", en somme!) est vite retombé.
Il semble en fait que depuis Les Fleurs de Shangaï (1998), HHH se cherche un peu et que l'on ait de plus en plus de mal à le "cadrer" dans une approche critique simple. Je ne dis pas que jusque là, HHH faisait, comme on dit, "toujours le même film", mais disons que son univers était peut-être plus confortable, plus accessible, moins déroutant.
  • Vue très générale sur HHH

On peut distinguer plusieurs périodes dans la carrière de Hou Hsiao-Hsien. D'abord, si l'on considère Les Garçons de Fengkuei (1983) comme son 1er long-mêtrage important, une veine "autobiographique" basée sur les souvenirs d'enfance, faite de chroniques naturalistes, d'anecdotes sur l'enfance, l'adolescence et la jeunesse dans un cadre rural, et l'influence diffuse sur une petite communauté de l'évolution de la société taïwanaise: Un Eté chez Grand-père(1984), Un Temps pour vivre, Un temps pour mourir (1985), Poussière dans le Vent (1986) qui sont généralement considérés comme formant un trilogie.

Une parenthèse avec un mélodrame peu connu (et que je n'ai pas vu) La Fille du Nil (1987)

Puis une nouvelle tendance et une nouvelle "trilogie": des oeuvres plus ambitieuses, plus complexes, mais aussi plus maîtrisées et où l'émotion se fait plus discrète, plus distanciée. Racontant dans des structures savantes faites de flash-backs et de narrations croisées les soubresauts de l'histoire contemporaine de Taïwan et de ses rapports compliqués avec la Chine Continentale, on y trouve: La Cité des Douleurs (1989), Lion d'or à Venise, probablement son chef-d'oeuvre, Le Maître de Marionnettes (1993) et Good men, Good women (1995) (qui annonce dans sa partie "moderne" les thèmes et les atmosphères de Goodbye South Goodbye et Millenium Mambo)

Puis vient la troisième période marquante, et déjà une autre trilogie certainement placée sous le signe du conflit entre la violence des sentiments et les conventions de la société, sans que n'apparaisse véritablement de lien quant au choix du cadre historique, temporel des récits, à la différence des 2 précédentes trilogies: Goodbye South, Goodbye (1996), Les Fleurs de Shangaï (1998) et Millenium Mambo (2001)
Enfin, les deux derniers films en date cités plus haut: Cafe Lumière (2003) et Three Times (2005)
(A suivre pour une étude plus détaillée de ses plus grands films et de son esthétique...)